samedi 30 avril 2011

Régime minceur : faisons le point!


Les régimes minceur dénoncés

Chaque année, les candidates à la minceur se lancent plus nombreuses dans la quête du poids idéal même si elles n’en ont pas besoin au départ. C’est notamment le cas de près de 30 % des femmes ayant un Indice de masse corporel (IMC) «normal» et de 15 % des femmes «minces» (IMC < 22).
Or, multiplier les régimes serait plein de risques et d’embûches pour votre santé ! C’est en tout cas ce qui ressort d’un récent rapport d’expertise sur l’évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement, rendu public le 25 novembre dernier par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Réalisé à la demande du ministère de la Santé, il dénonce à lui seul les régimes minceursouvent pratiqués seul, en l'absence de surpoids, sans indication ni suivi médical, à l’aide d’un livre ou d’Internet. Il cible notamment leurs effets plus ou moins graves sur le fonctionnement de l’organisme à long terme.

Les régimes minceur, associés à des risques pour la santé physique et psychologique

Impossible pour autant d’aboutir au top 15 des régimes les plus dangereux pour la santé, même si cette analyse a permis de classer les différentes phases des régimes en fonction de leurs apports nutritionnels. Se mettre au régime n’est donc pas du tout anodin. C’est ce que révèle ensuite l’analyse de la littérature scientifique sur le sujet.
«Tout régime restrictif et sévère entraîne des conséquences néfastes sur l’ensemble du fonctionnement de votre corps, notamment sur vos os, votre cœur et vos reins, mais aussi des perturbations psychologiques, notamment des troubles du comportement alimentaire», souligne le docteur Jean-Michel Lecerf. Les risques sur la santé sont donc nombreux : fonte de la masse musculaire quel que soit le niveau d’apport en protéines (de quoi dissuader les accrocs aux régimes hyperprotéiques), diminution de la densité minérale osseuse (de l’ordre de 1 à 2 % pour une perte de poids de 10 %) ce qui augmente fortement le risque d’ostéoporose, troubles digestifs passagers (constipation) liés à une insuffisance des apports en fibres voire risque de cancer colorectal à long terme…


Régime minceur : des déséquilibres alimentaires et carences

«C’est la première fois qu’un tel cri d’alarme sur les effets délétères des méthodes amaigrissantes est lancé dans le monde entier», indique le docteur Jean-Michel Lecerf, nutritionniste endocrinologue à l’Institut Pasteur de Lille et coordinateur de l’étude. Pour dresser ce rapport, les scientifiques et les experts en nutrition ont identifié et analysé les 15 régimes amaigrissants les plus populaires du moment : de Cohen à Dukan, le plus en vogue, de Atkins à Montignac, en passant par le régime de la Soupe au chou…
Premier constat : toutes ces méthodes minceur sont déséquilibrées et inadaptées en termes d’apports nutritionnels et provoquent des carences. «Près de 80 % de ces régimessont trop riches en protéines, 58 % trop largement pourvus en sodium, plus de 50 % à trop haute teneur en lipides, 74 % trop pauvres en fibres, 61 % ne satisfont pas vos besoins en fer, 50 % ne couvrent pas vos besoins en magnésium, 23 % ne répondent pas à vos besoins en calcium…», relève l’Anses.


Les dangers de la restriction alimentaire

Suivre un régime peut aussi modifier en profondeur le métabolisme énergétique de votre corps : autrement dit la bonne régulation de vos apports et de vos dépenses. La faute aux trop nombreuses privations et exclusions d’aliments «interdits» que vous infligez à votre corps à longueur de programmes minceur en tout genre. «Sur le plan comportemental, vous entrez en mode restriction (le fameux contrôle mental que vous imposez à votre organisme) et perturbez votre comportement alimentaire : votre corps devient un super économiseur et stoppe son processus d’amaigrissement», précise l’endocrinologue.
Résultat ? À force de répéter les mêmes erreurs de restrictions, sources de frustrations et de culpabilités, ou de passer d’un régime à l’autre, vous voilà entraîné(e) inéluctablement dans la spirale infernale du fameux effet yoyo avec, à la clé, une reprise des kilos – le plus souvent sous forme de gras – éventuellement plus sévère voire irréversible à plus ou moins long terme et supérieure à votre poids initial. Les chiffres sont éloquents : près de 80 % des candidats à la minceur reprennent ainsi du poids un an ou deux après la fin de leur régime !

Pour perdre du poids, votre activité physique est très importante

«En cas d’échecs à répétition des régimes, on observe aussi une perte de l’estime de soi et un risque de dépression», prévient le docteur Jean-Michel Lecerf. Et l’Anses d’ajouter : «D’autres risques ont été identifiés pour les populations spécifiques, notamment la dénutrition (personne âgée), des troubles hormonaux (adolescente, sportif) et perturbations de la croissance (foetus, enfant et adolescent).»
Plus vous enchaînez, cumulez ou alternez les régimes, plus vous mettez votre santé en danger et prenez encore du poids, notamment si vous ne pratiquez pas d’activité physique. «Or celle-ci permet justement de le stabiliser et de le maintenir sur la durée», rappelle le spécialiste à la tête de ce rapport. Faut-il pour autant arrêter les régimes ? Oui, selon l’Anses. «Seul un problème de surpoids ou d’obésité nécessite une prise en charge adaptée par un professionnel de santé à travers une démarche pluridisciplinaire (médecin nutritionniste, endocrinologue, diététicien, psychologue…) et peut justifier l’application d’unrégime alimentaire sous contrôle médical», souligne le docteur Lecerf qui précise que l’obésité est une maladie que l’on ne guérit pas même si on peut l’améliorer.

Priorité à une alimentation variée et équilibrée

Mais alors que faire en cas de kilos en trop ? «Il est déjà important de vous demander si vous avez réellement besoin de maigrir et de consulter un spécialiste pour faire un bilan et mieux vous accompagner en fonction de votre situation (goûts, mode de vie, relations à l’alimentation, traitements…)», note l’endocrinologue. Il s’agit avant tout de procéder à une rééducation alimentaire lente, prudente et bien encadrée pour d’abord arrêter de grossir et maintenir votre poids de forme. «Pour cela, il est indispensable de privilégier une alimentation équilibrée et diversifiée tout en veillant bien à ce que vos apports énergétiques ne dépassent pas vos besoins journaliers. Sans oublier de pratiquer une activité physique régulière pour booster le métabolisme énergétique de votre corps», recommande le spécialiste. De quoi faire carburer votre organisme à plein régime !